Un loup, ayant avalé un os, allait partout cherchant qui le
débarrasserait de son mal.
Il rencontra un héron, et lui demanda moyennant salaire d’enlever
l’os.
Alors le héron descendit sa tête dans le gosier du loup, retira l’os,
puis réclama le salaire convenu.
« Hé ! l’ami, répondit le loup, ne te suffit-il pas d’avoir retiré ta
tête saine et sauve de la gueule du loup, et te faut-il encore un
salaire ? »
Cette fable montre que le plus grand service qu’on puisse attendre de
la reconnaissance des méchants, c’est qu’à l’ingratitude ils
n’ajoutent pas l’injustice.
Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, s’était perché sur un
arbre.
Un renard l’aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se
posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté,
ajoutant que nul n’était mieux fait que lui pour être le roi des
oiseaux, et qu’il le serait devenu sûrement, s’il avait de la voix.
Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait
pas, lâcha la viande et poussa de grands cris.
Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit :
« Ô corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien
pour devenir le roi des oiseaux. »
Cette fable est une leçon
pour les sots.
La tortue et le lièvre disputaient qui était le plus vite.
En conséquence ils fixèrent un jour et un endroit et se séparèrent.
Or le lièvre, confiant dans sa vitesse naturelle, ne se pressa pas de
partir ; il se coucha au bord de la route et s’endormit ; mais la
tortue, qui avait conscience de sa lenteur, ne cessa de courir, et,
prenant ainsi l’avance sur le lièvre endormi, elle arriva au but et
gagna le prix.
Cette fable montre que souvent le travail l’emporte sur les dons
naturels, si on les néglige.